Centre National d’Histoire des Sciences - Nationaal Centrum voor de Geschiedenis van Wetenschappen

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La théorie de l’évolution de Darwin, la sensation du XIXe siècle ?

lundi 10 mai 2010 par admin

L’AFFAIRE DARWIN N’EST PAS ENCORE FINIE

La théorie de Darwin met fin à l’explication téléologique du monde en ce qui concerne l’origine des
espèces et justifie la descendance par sélection naturelle comme cause de l’évolution. La biologie
évolutionniste fait de nos jours encore parler d’elle, car elle touche – contrairement aux autres
disciplines scientifiques comme la chimie et la physique – l’identité humaine au plus profond d’ellemême.
Ainsi l’enseignement de la théorie de l’évolution reste-t-il aujourd’hui le point de mire des
« créationnistes ».
Le créationnisme prétend que l’univers avec toutes ses formes caractéristiques est le résultat d’un acte
de création par un être transcendantal dont la force, la sagesse et la raison se trouvent inscrites dans
les lois de la nature. D’après Jacques Arnould, le créationnisme se caractérise par trois éléments : une
lecture littérale de la Bible, le fondamentalisme (ou volonté de retourner aux fondements de la foi) et
l’intégrisme (adapter la foi à la société et s’opposer à tout ce qui s’y oppose).

Harun YAHYA, L’atlas de la création, Turquie : Ed. Global 2007, 2de ed, 772 p

Département des Imprimés, 9 C/2008/9

Largement distribué en Europe, L’Atlas de la création de Harun Yahya – pseudonyme d’Adnan Oktar,
apologiste turc du créationnisme islamique – met en cause le darwinisme qu’il présente comme la
cause de tout le mal dans le monde moderne (le communisme, le fascisme, et plus largement le
matérialisme). Yahya parle d’une « grande alliance » où l’on verra Jésus revenir sur terre pour
éliminer les mouvements antireligieux, en collaboration avec l’Islam (mais sans les Juifs !). La
propagation de l’Atlas est allée plus loin encore aux États-Unis. Non seulement les universités et les
bibliothèques, mais également les centres de recherche scientifique ont reçu un exemplaire gratuit
dans leur boîte aux lettres. La campagne a connu un succès en Amérique, mais en Europe certaines
voix officielles se sont levées, notamment pour mettre en garde contre les dangers du créationnisme
dans l’éducation.

En Belgique, dans les écoles de la Région flamande, l’enseignement de la théorie de l’évolution a été
incorporé depuis février 2008 dans les termes essentiels du TSO, BSO et KSO (avant ce ne soit le cas
pour l’ASO), afin d’éviter ainsi que le créationnisme ne gagne du terrain en popularité auprès de la
jeunesse et de la société. Quant à l’enseignement de la Communauté française, il a entrepris une
action de recherche (pour un coût de 138.000 euros) sur l’étendue du refus d’enseigner la théorie de
l’évolution au sein de ses écoles en Wallonie et à Bruxelles.
La frontière entre science et foi, estime Johan Braeckman (professeur de philosophie à l’Université de
Gand), concerne toutes les religions mais elle vaut aussi pour l’athéisme. Un programme
d’information se met en place pour contrer le créationnisme érigé en science. Le but de ce projet anticréationniste
n’est pas de s’opposer à la religion, mais de transmettre une bonne connaissance de
l’enseignement de l’évolution en tant que science. Taede Smedes (philosophe de la religion et
théologien, chercheur postdoctorat à l’Université Catholique de Louvain) fait remarquer que ce projet
anti-créationniste ne doit pas mélanger l’idéologie à la science : « L’idée de Braeckman que plus de
vulgarisation scientifique nous mène vers moins de créationnisme, est ainsi une utopie et un leurre.
[...] Les dires de Braeckman, selon lesquels la théorie de l’évolution est aussi bien science que
donneuse de sens, confirment l’opinion des créationnistes. Ce sont les prophètes de l’athéisme
humaniste, comme Richard Dawkins ou Daniel Dennett, qui s’accaparent la théorie de l’évolution à
leurs idées athéistes et qui font de la science une idéologie. [...] Afin de pouvoir livrer une critique
effective sur le créationnisme et l’attitude d’inspiration religieuse anti-scientifique, Braeckman devra
se joindre à un discours théologique interne. »
On le voit, l’affaire Darwin n’a pas encore connu sa finalité…


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