Pouvons-nous placer Wallace et Darwin sur un pied d’égalité en ce qui concerne la théorie de
l’évolution ? Comme nous l’avons déjà mentionné, Darwin avoua que Wallace avait écrit des
conclusions fort proches de ses explications à lui. Comparons-les. Tous deux étaient influencés par
Malthus qui souligne l’improtance d’une forte explosion de population et y faisant suite, une pression
démographique. Darwin et Wallace employèrent également le terme de ‘struggle for life’ et les deux
comprirent l’importance de variations dues au hasard dans une même population.
Par contre, Wallace ne comparait pas cela à la sélection artificielle comme le faisait Darwin. En
dehors de ce point les deux savants partageaient les mêmes théories. La raison de l’éviction de
Wallace comme co-auteur de la théorie de l’évolution réside dans sa modestie et l’appui donné par les
autres savants, dont Wallace lui-même, à Darwin (qui était lui aussi très modeste).
Une autre différence importante est que Wallace voyait d’abord dans le mécanisme de l’évolution un
moyen de préserver un équilibre entre une espèce et son milieu changeant. Chez Darwin, cette
sélection naturelle est à la base d’une évolution irréversible.
Wallace interpréta la sélection naturelle et sexuelle comme adaptative et dépendante du milieu, là où
Darwin voyait une lutte fratricide permanente entre les individus.
Le transformisme
Cette théorie reconnaît le changement des organismes naturels au cours du temps. Elle est basée
premièrement sur le constat de la variation entre les organismes, ainsi que la preuve du changement
des êtres vivants et deuxièmement sur l’hypothèse des origines communes, avec modifications, d’un
ou plusieurs être(s) primitif(s). Ce renouveau théorique se basait sur les dernières découvertes dans
les domaines de la géologie et de la paléontologie, ce qui permettra entre autres de dater l’ancienneté
de la Terre.
Lamarck est généralement vu comme ‘l’inventeur’ de cette théorie, qui s’oppose radicalement au
‘fixisme’ ancien où on interprète de manière littérale les Textes Sacrés de la Bible. D’après Lamarck
le fixisme suivant lequel les organismes seraient créés une fois pour toutes, n’est plus valable car la
Terre change en permanence. Il prétend que les espèces doivent vivre en équilibre avec leur
environnement si elles veulent survivre. La conséquence est que les espèces doivent s’adapter,
comme la Nature qui s’adapte en permanence.
L’uniformitarisme
Cette théorie est la forme dogmatique que les Anglais donnèrent à l’actualisme.
L’actualisme fut défendu entre autres par Constant Prévost et Karl Von Hoff. C’est plutôt une
méthode qui prétend que les lois et forces qui ont joué sur la formation de la Terre sont à l’heure
actuelle les mêmes que celles au commencement du monde. Ces forces sont des éléments naturels,
p.ex. le vent ou l’eau, qui ont, des millions d’années durant, façonné de manière continue notre
monde (voici la raison de l’actualisme). Cette théorie se refuse à expliciter les causes et/ou les
phénomènes exceptionnels extra-naturels.
Les actualistes prétendaient que ces forces connaissent des pics énergétiques qui provoquent des
changements radicaux (comme p.ex. des tempêtes dévastatrices). Lyell exclura cette possibilité. Il
prétend par contre qu’à travers l’histoire de la géologie, l’influence de ces forces a été constante et n’a
pas été plus ou moins intense que maintenant. Alors Lyell a systématisé cette approche et c’est cette
doctrine sous sa forme dogmatique qui connaîtra beaucoup de succès en Angleterre.
Le darwinisme social
Le darwinisme social est né en 1880 sur le continent européen. Il s’est propagé rapidement à travers
la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. A l’origine, ce terme transpose les lois de la nature, avec ses
expressions-clefs telles que ‘struggle for life’ et ‘survival of the fittest’, en lois sociales qui en sont la
continuité directe. Les premiers qui employèrent ce terme étaient les adeptes du philosophe Herbert
Spencer (1820-1903). Spencer a adapté en tant qu’économe la théorie de l’évolution de Darwin sur
les sociétés, communautés, nations et entreprises pour expliquer différentes perspectives
idéologiques, comme le colonialisme, le racisme et l’impérialisme.
Le darwinisme social prétend qu’il y a une grande corrélation entre les lois de la nature et les lois
sociales. C’est un ensemble de théories qui trouvent dans le ’struggle for life’ la loi fondamentale de
l’histoire des sociétés humaines. Il faut par contre écrire que cette lutte pour la survie ne doit pas être
confondue avec ce que Darwin en comprenait. Les darwinistes sociaux employèrent ce terme avec
leur propre signification : c’est à dire comme compétition entre individus ou comme guerre entre
Darwin dans les collections de la Bibliothèque royale
groupes, comme antagonisme frontal (rivalité). Le résultat de cette lutte est la survie du plus apte, il
faut y comprendre du plus fort. Darwin lui employait ce terme de ‘lutte pour la survie’ en tant que
métaphore, qui comprenait plusieurs niveaux divers de rivalité et de dépendance. Pas de confrontation
directe donc, mais bien un ensemble de mécanismes de solidarité et de rivalité en alternance. Dans ce
premier cadre, le terme de lutte pour la survie se traduit donc par des efforts à faire pour survivre dans
des circonstances difficiles en lieu et place de lutte, comme le comprennent les darwinistes sociaux
Encyclopédies / Biographies
‘Darwin’, dans The New Encyclopaedia Britannica, Chicago : Encyclopaedia Britannica, vol. 16, 15ième ed., 2005, p. 977-981.
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Anoniem, ‘Darwin, Charles Robert’, dans Grote Winkler Prins Encyclopedie, Amsterdam-Antwerpen : Elsevier, vol. 7, 1991, p. 149-150.
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DE WINIWARTER (H.), ’Van Beneden Edouard’, dans Biographie Nationale, tome XXVI, Bruxelles : Etablissements Emile Bruylant, 1936-1938, kolommen 174-184.
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